Les raisons de l’arrestation et la détention de 37 gendarmes en provenance de Gomakoura : Des détenus révèlent tout

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Sur demande de la hiérarchie militaire, deux unités de la gendarmerie composées de 87 éléments avaient été déployées le 15 octobre dernier dans le Macina secteur 5 pour une mission de 3 mois. Après expiration du délai le 15 janvier 2018, la hiérarchie à travers une note qui date du 5 janvier proroge la mission de 3 mois avec pour zone d’intervention Sogolo, un village à 15 kilomètres de Diabaly abandonné par l’armée malienne depuis 2013 et où la charia est la loi fondamentale. Voilà la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Les éléments de la gendarmerie en mission dans le secteur 5 à Macina ont reçu la décision de la hiérarchie le mardi 16 janvier 2018. Et il est mentionné que c’est avec effet immédiat. Donc dès qu’ils reçoivent la lettre, ils doivent plier armes et bagages en direction de la nouvelle zone indiquée. Le 15 janvier, un jour avant, les gendarmes venaient de boucler les trois mois de mission.

Etant dans cette zone, des détenus révèlent avoir  plusieurs fois manifesté leur indignation quant à l’injustice dont ils sont victimes de la part de la hiérarchie. Les éléments devaient participer au concours de Certificat Inter Arme (CIA) à Bamako. Au moment où ce précieux sésame se pointait à l’horizon,  ils ont été mis sur une nouvelle piste : aller à la recherche du Président de la Haute Cour de Justice, honorable Niang, dont le convoi avait été attaqué par des assaillants. Entre Teninkou et Macina précisément à Famoussala, le convoi a sauté sur une mine faisant des morts. Ce jour, il a fallu plusieurs heures avant l’intervention aérienne afin de venir en appui au convoi.

Les gendarmes en mission se révoltent et pour les calmer, les chefs procèdent  à une présélection sur le terrain dans le cadre du CIA.  37 parmi eux sont admis. Ils étaient contents et n’attendaient que la dernière phase qui aura lieu à Bamako. A leur grande surprise, un commandant les informe qu’ils ne pourront plus prendre part car une nouvelle mission est programmée.

L’unité doit aller à la recherche du juge de Niono enlevé par des assaillants. Les militaires désignés ne voulaient pas partir à Monessebougou. Ils réclamaient des médicaments et une ambulance.  Il a fallu l’appui de l’unité de la gendarmerie. Ce jour, le commandant a promis aux éléments de l’unité de la gendarmerie que le CIA est un acquis pour eux. Et c’est comme ça qu’ils acceptèrent eux-aussi la mission.

A la grande surprise des éléments, sur la liste des bénéficiaires, le nom d’aucun parmi eux n’y figure. Ils apprennent ensuite que trois militaires sur le front, dans la même zone qu’eux, ont pris part au concours à Bamako.

Très remontés face à cette ‘’injustice’’, les éléments n’attendaient que l’ordre de la hiérarchie pour rentrer à Bamako après expiration des trois mois depuis le 15 janvier 2018 afin de dire ce qu’ils pensent aux chefs. Le lendemain, c’est-à-dire le 16 janvier, la hiérarchie leur fait parvenir une note. Une nouvelle mission de trois mois est prévue avec effet immédiat cette fois-ci à Sogolo, un village situé à 15 kilomètres de Diabaly.

En ce lieu comme dans beaucoup d’autres villages aux alentours de Diabaly, c’est la charia qui est la loi fondamentale. L’armée malienne est absente depuis 2013. 37 des éléments de l’unité se révoltent et le 17 janvier, ils décident de rentrer à Bamako sans l’autorisation de la hiérarchie. Ils quittent Gomakoura en direction de Bamako.

Arrivés au niveau de Baguineda, ils sont reçus par le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, le Commandant de Zone de Bamako, le Chef d’Etat-major de la Garde Nationale accompagnés par un staff impressionnant plus un hélicoptère qui survolait la ville. Les discussions dureront 4 heures d’horloges (16h-20 heures). C’est à ce niveau que les éléments se sont rendus compte que le concours des Officiers de Police Judiciaire (OPJ) est programmé pour le 27 janvier 2018. Ceux qui étaient intéressés par ce concours allaient le rater parce qu’ils seraient  en mission à Sogolo.

Cela les a aussi choqués car lors du dernier concours, le quota donné : 10 pour la force d’intervention rapide de la gendarmerie et 20 pour le peloton d’intervention de la gendarmerie n’a pas été atteint. Sur les 10 de la force d’intervention rapide, seulement 3 candidats ont passé au concours. Les malheureux candidats estiment qu’il y avait anguille sous roche.

Selon nos sources, le Directeur Général de la Gendarmerie est parvenu à convaincre les éléments à Baguineda. Ils ont accepté de retourner. Le DG de son côté les avait promis 10.000 F CFA chacun comme argent de poche et 1 million afin de faire face efficacement aux conditions de vie exécrables sur le terrain.

Quelques minutes après, la délégation change d’avis. Les  éléments sont autorisés d’entrer à Bamako. Arrivés à destination, ils déposent les armes et à leur grande surprise une information les parvient faisant état de leur arrestation.

Ils sont ensuite repartis entre différents lieu de détention : génie militaire, armée de l’air base 100, bataillon para, camp de garde sis à Koulouba.

Selon les témoignages  des gendarmes détenus, à défaut du Certificat Inter Arme, une autre promotion était prévue par le Chef d’ Etat-major général des armées. C’est-à-dire, après 6 mois de mission, 3 mois à Macina et 3 mois à Sogolo, donner une distinction honorifique aux éléments dénommée : médaille commémorative de campagne.

Nos sources nous indiquent que cette distinction n’est pas avantageuse. Son impact est senti après la retraite et ne dépasse pas 1250 F CFA de bonus sur la pension contrairement au Certificat Inter Arme (CIA)  qui est 30.000 F CFA.

Déjà au département de tutelle, des précisions sont avancées niant l’hypothèse de mutinerie. On parle d’abandon de poste qui s’est soldé au désarmement et la détention.

Quel sera le sort réservé à ces 37 éléments de la gendarmerie ? Attendons de voir.

Les deux unités de la gendarmerie citées dans cette affaire sont : L’unité de la Force d’Action Rapide au nombre de 67 et l’unité du Peloton d’Intervention au nombre de 20. La hiérarchie militaire avait demandé 150 éléments de la gendarmerie, mais ce sont ces 87 éléments répartis en deux unités  qui ont été mis à disposition pour la mission.

Kèlètigui Danioko

SourceLe Pays

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