La démocratie constitutionnelle dans la troisième République du Mali, limitée au multipartisme, aux élections et à la limitation du mandat présidentiel :

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Aujourd’hui la forme la plus répandue de la démocratie est celle de la démocratie liberale.Ainsi sa paternité est reconnue aux occidentaux (Etats Unis, France, Angleterre et L’Allemagne).

On suppose que son ancêtre est  la démocratie athénienne qui date de l’antiquité dont  la caractéristique est la prise des décisions par le peuple.

Ainsi la définition la plus célèbre de la démocratie vient d’Abraham Lincoln ancien Président des Etats Unis, il a indiqué que  la démocratie c’est le gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple.

De ce fait, on peut estimer que la démocratie est un régime politique par lequel le peuple intervient dans la dévolution du pouvoir et ce pouvoir sera soumis non seulement au contrôle du peuple mais travaillera pour le bonheur de ce peuple.

A l’issue de la conférence d’entente nationale, une nouvelle constitution a été adoptée par les maliens à la date du 25 février 1992.

Ainsi la démocratie constitutionnelle et libérale a vu le jour et la troisième république est née au mali.

Aujourd’hui quels constats pouvons-nous faire des acquis démocratiques de la révolution du 26 Mars 1991 ?

Le bilan de la gouvernance démocratique sous la troisième république du Mali :

Le développement, la transparence et la bonne gouvernance sont indispensables à l’existence d’un vrai Etat démocratique. Une démocratie sans une bonne gouvernance est une démocratie de façade. Le bilan de la gouvernance est controversé pendant la troisième république.

En effet au Mali selon les opinions, les conditions de vie des maliens régressent de jour en jour et depuis très longtemps. l’’espoir s’éloigne du cœur et de l’esprit de ses habitants. Nous constatons chaque jour un  grand mouvement d’immigration de ses habitants vers l’Europe, l’Amérique et une partie de l’Afrique dont le Maghreb, l’Angola, le Congo, le Gabon et la guinée équatoriale.

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, il existe une crise de confiance entre le peuple et les institutions de la république car le peuple estime que la vie publique n’est plus transparente et que les Institutions  judiciaires, administratives et politiques sont absentes aux rendez vous de la justice, de l’équité, de la concorde et du développement.

Ainsi pendant l’ère démocratique, les hommes placés au poste de commandement politique, militaire, justice, sécuritaire ; diplomatique et économique n’ont pas été à la hauteur de satisfaire les défis qui les attendaient.

L’efficacité et l’impartialité des institutions maliennes sont mises en cause car elles  ont toujours été décriées par le peuple depuis l’avènement de la démocratie.

Les décisions de justices sont contestées car elles ont toujours été considérées par les maliens comme étant partiales et dictées.

Le recours  à la justice privée s’est généralisé depuis l’avènement de la démocratie, d’ou des nombreux cas de lynchages observés depuis la révolution du 26 mars 1991.

Ainsi avec la politique foncière actuelle, les dirigeants de la troisième république ont conçu l’embryon de la spéculation foncière au Mali. Pourtant, le patrimoine foncier malien est inestimable.

Dans le Mali contemporain, les autorités politiques, administratives, coutumières et riches hommes d’affaires peuvent disposer de la terre en toute impunité.

Les cas d’infractions liées à l’escroquerie à l’hypothèque sont devenus un moyen d’enrichissement facile et illicite au vu et au su des tribunaux et cours du Mali.

Contrairement au premier alinéa de la constitution, qui indique que le Mali est une démocratie, on a pu constater que les élections ont très souvent été contestées pendant la troisième république et les arrêts (décisions) de la cour constitutionnelle ont fréquemment fait l’objet de rejet par les adversaires du pouvoir (2002 ; 2007 et 2018).

Au mépris du deuxième alinéa du préambule de la constitution malienne qui affirme la défense de la laïcité ;  toutefois celle-ci est  menacée par la multiplication des prêcheurs radicaux, des islamistes armés irrespectueux des valeurs de la diversité, de la création d’un  ministère dédié aux affaires  religieuses et du culte et des fondamentalistes religieux de tout bord. Il existe de nos jours une grave atteinte à la liberté d’esprit qui se traduit par la médiocrité de pensée des jeunes maliens.

Les insultes et les atteintes à la vie privée des personnes sur les réseaux sociaux sans la moindre justice sont constatées tous les jours.

L’abandon  du nord Mali depuis les années 1990 au profit des terroristes du groupe salafiste pour la prédication et le combat(GSPC) aujourd’hui appelé Al-Qaïda du Maghreb islamique (AQMI) est   le résultat de l’occupation illégale du nord par les groupes terroristes venant du monde entier.

Ces terroristes ont entamé des politiques de séduction de la population et ils ont réussi à rétablir un lien d’affection avec les populations car ils étaient généreux à l’endroit de celles-ci.

Ainsi beaucoup de jeunes maliens désœuvrés sans aucun espoir et laissés à leur propre sort ont adhéré à la cause et à l’idéologie des salafistes.

Les terroristes ne se sentant pas menacer par l’armée malienne ont profité de leur présence au nord Mali pour installer leurs bases dans plusieurs zones stratégiques au nord du Mali.

Ils ont réussi  à créer et à consolider une économie  criminelle basée sur le chantage, le  trafic de migrants, de drogues et d’enlèvements de ressortissants occidentaux.

Ainsi aujourd’hui nous constatons une violation de l’intégrité du territoire et une dégradation du niveau de la souveraineté malienne par les organisations terroristes.

Malgré l’engagement constitutionnel du Mali à œuvrer pour le maintien de l’unité nationale, celle-ci n’existe plus car le Mali est divisé sous la troisième république. Des conflits ethniques, sécessionnistes et identitaires émergent de tout bord depuis l’avènement de la démocratie.

Malgré la forme républicaine du Mali, la féodalité n’a jamais été combattue  sous la troisième république. Toutefois sans tenir compte des problèmes de la population du nord que sont l’accès à l’eau potable, la sécurité, la lutte contre l’esclavage, le servage et la féodalité ; sous la troisième république les dirigeants ont   préféré corrompre les rebelles et les chefs traditionnels.

Cependant  l’Etat sous la troisième république demeure incapable d’apporter un règlement  définitif aux crises sociales et sécuritaires. Il préfère un arrangement ou un déplacement des problèmes.

La république du Mali avec sa politique de défense  peine à  défendre l’intégrité de son territoire et sécuriser les personnes et leurs biens. L’insécurité est devenue quotidienne et les personnes et leurs biens  ne sont plus à l’abri des prédateurs.

Des vols à main armée sont commis presque  tous les jours et sur toute l’étendue du territoire.

Malgré l’égalité consacré par  la constitution du Mali ; nous voyons un retour inquiétant à la féodalité, à l’esclavage et à l’atteinte à la propriété   de certaines populations estimées descendantes d’esclaves dans la région de Kayes.

Le sous développement a atteint un niveau record car pendant plus de 26 ans les dirigeants n’ont pas pu mettre en place une réelle politique de développement durable car le système économique malien repose sur les taxes douanières, l’exportation du Coton et de l’or. Le mali vit sous perfusion depuis l’avènement de la démocratie car son  économie dépend des aides et des subventions internationales.

L’âge de la vie active a reculé et le chômage est devenu le  quotidien du malien et particulièrement des jeunes et des femmes.

Malgré les règles du développement durable,  sous la troisieme république   le soutien de l’agriculture de rente au détriment de  l’agriculture vivrière, a aujourd’hui crée les conditions de l’insécurité alimentaire.

L’autorité de l’Etat reste contestée dans la troisieme république car personne ne craint l’Etat et sa force par ce que tout simplement il a de la peine à jouer son rôle régalien.

Toutefois malgré l’urgence d’un changement radical ;  les intellectuels maliens et  les hommes politiques  continuent à faire croire au peuple que la démocratie se résume seulement au multipartisme, aux élections, à la limitation des nombres de mandats électifs et à la politique du ventre.

La politique a perverti l’intellectuel malien, les autorités militaires, les syndicats et la société civile. La vie politique au mali  n’est plus basée sur aucun fondement idéologique.

Des alliances illogiques sont scellées pendant les élections par nos politiciens pour seulement devenir Monsieur le Président de la République, Monsieur le Maire ou honorable Député. Les partis politiques ont échoué sur leur  vocation  d’information et de formation du peuple.

Nous constatons que les hommes et femmes, patriotes, valeureux et courageux ne sont plus nombreux.

En France, en Allemagne et  en Angleterre, la démocratie n’est pas caractérisée seulement par le vote, le multipartisme, le libéralisme politique et la limitation des mandats électifs.

Toutefois la laïcité ; le multipartisme et le vote sont des traits communs à la démocratie occidentale. Aujourd’hui, tous ces pays sont des pays développés et ils respectent  les droits de leurs ressortissants. Ils sont une référence dans le  monde car ils sont enviés par presque tous les pays du monde.

Aussi la Chine, la Russie et l’Iran bien que leurs démocraties ne sont pas caractérisées par la laïcité ou le multipartisme, ils sont un model de développement.

Aujourd’hui il est indispensable que nous comprenions qu’une démocratie limitée seulement  au multipartisme, et aux élections n’est  pas l’alpha et l’oméga de la démocratie et cette croyance  est pire que de l’obscurantisme moyen âgé.

C’est pourquoi  Koffi  Annan  ancien secrétaire général des Nations unies a indiqué que les piliers constituant un monde plus juste et plus pacifique sont la paix et la sécurité, le développement durable et le respect des droits de l’homme. Il n’a pas fait allusion au mandat ni au multipartisme.

Un État au regard de l’essence de la démocratie ne peut être considéré réellement comme démocratique que lorsque les gouvernants parviennent à apporter un  développement durable à  leurs Nations.

Ce développement doit concerner  tous  les aspects  de la vie du peuple. Il doit être  humain, industriel, sanitaire, économique, éducatif, sécuritaire, culturel ou infrastructurel.

Dans une vraie démocratie il doit exister un gage de sécurité pour les personnes et de leurs biens.

Au regard du constat général, les dirigeants maliens doivent  créer des conditions favorables aux   libertés publiques, à  la sécurité juridique et au développement. L’état de droit doit être l’équation de l’existence d’un vrai  état démocratique.

Toutefois Alpha Oumar Konaré  a  crée quelques infrastructures et il a semé les germes d’une politique de décentralisation.

Cependant Amadou Toumani Touré dit(ATT) a adopté une politique de santé qu’on estime salutaire. Il a crée l’assurance maladie obligatoire. Il a aussi réussi avec l’aide des bailleurs de fond et de la chine à construire des hôpitaux, des routes et des universités.

Nous estimons aujourd’hui qu’il y a une progression dans le domaine militaire, Ibrahim Boubacar Keita(IBk) a aussi nommé des jeunes aux grands postes de responsabilité, ce qui est salutaire.

Après tout ce qu’on vient de voir, peut- on dire que le Mali est réellement un Etat démocratique ?

Sur la forme, la troisième république malienne est une démocratie libérale car elle est caractérisée par la laïcité, le vote et le multipartisme. Toutefois  dans la pratique nous pouvons dire que la troisieme république a échoué sur les plans de l’organisation du peuple, de l’économie, de la sécurité et de la transparence dans la vie publique.

Nous estimons que le peuple doit axer son combat pour le développement économique car la démocratie ne peut être que le bonheur commun de tous et de toutes.

 Propositions :

1 -Reforme monétaire, économique, institutionnelle et énergétique.

2-Un  développement axé sur l’émergence de la  micro finance.

3-Une politique de protectionnisme  économique.

4-Révolution agricole et maitrise de la chaine de valeur agricole

5-Mise en place d’une armée capable de faire face au défi sécuritaire et  du terrorisme

6-Une politique de mise en place d’Etat nation en tenant compte de notre passé historique.

7-Une confiance totale aux cadres locaux et une amélioration de leur condition de vie.

8-Eviter d’assimiler les postes politiques et les postes stratégiques pour l’intérêt de la patrie.

9-Retour à nos valeurs traditionnelles en faisant une agitation culturelle.

10-Suppression de la cour constitutionnelle et de la haute cour de justice

Drissa Dicko

Chercheur en Histoire, Sciences Politiques et Juridiques

dickodi@yahoo.fr

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