Arrêter de perdre et de gaspiller la nourriture pour une planète, des personnes et un climat durables

0
194

 

Auteurs : Jeremiah Rogito, Tilahun Amede, et Assan Ngombe

Les pertes et gaspillages alimentaires sont devenus une crise mondiale qui exige notre attention immédiate. Chaque année, environ un tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée, ce qui entraîne des pertes économiques considérables estimées à 1 trillion de dollars. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l‘Afrique subsaharienne est confrontée à une situation désastreuse, avec un taux de perte et de gaspillage alimentaire stupéfiant de 37 %. Ce gaspillage ne prive pas seulement les agriculteurs des revenus économiques qu’ils méritent, mais gaspille également des ressources précieuses telles que l’eau, les semences, les engrais, l’énergie et la terre. En outre, la perte et le gaspillage de nourriture contribuent de manière significative à la déforestation, à l’extinction d’espèces et à une proportion étonnante de 8 à 10 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre.

Au milieu des discussions sur le besoin urgent d’augmenter la production alimentaire pour nourrir une population mondiale croissante qui devrait atteindre près de 10 milliards de personnes d’ici 2050, nous ne devons pas négliger la tâche tout aussi cruciale qui consiste à réduire les pertes et les déchets alimentaires. Relever ce défi pourrait constituer une action transformatrice qui nous permettrait non seulement de nourrir davantage de personnes en utilisant les mêmes terres agricoles, mais aussi de réduire considérablement notre empreinte écologique.

L’insécurité alimentaire reste un problème urgent en Afrique, où l’on estime que 100 millions de personnes ont été confrontées à une insécurité alimentaire catastrophique en 2020. Des facteurs tels que les conflits, les mauvaises récoltes dues au changement climatique, les chocs économiques et la flambée des prix des denrées alimentaires ont exacerbé cette crise.

Le passage de modèles de production alimentaire extractifs à des modèles régénératifs et durables peut contribuer à réduire l’expansion des terres agricoles dans des écosystèmes fragiles, à minimiser le gaspillage d’eau et d’énergie et à créer des emplois durables pour les jeunes, les femmes et l’ensemble de la population.

L’objectif de développement durable 12.3 vise à réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial d’ici 2030. La stratégie de gestion post-récolte de la Commission de l’Union africaine d’août 2018, conformément à la déclaration de Malabo de 2014, vise à réduire les pertes post-récolte de 50 % d’ici à 2025 dans les États membres de l’Union africaine (UA). Le manque de données précises et actualisées est un obstacle majeur à la réduction des pertes et gaspillages alimentaires, ce qui empêche de trouver des solutions efficaces. Le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, qui s’est tenu en 2021 par l’intermédiaire de l’envoyée du secrétaire général des Nations unies pour les systèmes alimentaires, Mme Agnes Kalibata, a appelé à une action accélérée dans le monde entier. Pour s’attaquer globalement aux pertes et gaspillages alimentaires, il est essentiel de mettre en place des interventions politiques et des partenariats public-privé adaptés aux contextes locaux. Avec une population mondiale croissante et des possibilités d’emploi limitées, l’agriculture durable dans les systèmes alimentaires offre une voie prometteuse pour aborder les questions complexes de la perte et du gaspillage de nourriture.

Le rapport « Growing Better » de la Coalition pour l’alimentation et l’utilisation des terres a mis en évidence la réduction des pertes et des déchets alimentaires comme l’une des 10 transitions critiques vers un système durable d’alimentation et d’utilisation des terres. Au Kenya, le gouvernement, la coalition pour l’alimentation et l’utilisation des terres et ses partenaires (Global Alliance for Improved Nutrition- GAIN, AGRA, World Resources Institute Africa, entre autres) sont en train d’élaborer le plan d’action 2024-2030 pour les systèmes alimentaires et l’utilisation des terres au Kenya. Ce plan a identifié la réduction des pertes et gaspillages alimentaires comme l’une des cinq voies principales vers la transformation du système alimentaire.

Le plan de réduction des pertes et gaspillages alimentaires comporte trois grands volets. Premièrement, il implique l’élaboration d’un protocole complet permettant de signaler avec précision les pertes et les déchets alimentaires tout en identifiant leurs sources. Deuxièmement, il vise à réformer et à aligner les lois et réglementations existantes en matière de sécurité alimentaire, tant au niveau national qu’au niveau des comtés, en les adaptant à l’évolution des défis et en tenant compte des changements de comportement dans les habitudes de consommation alimentaire. Enfin, le plan se concentre sur l’amélioration des infrastructures de marché, en incorporant des installations telles que des entrepôts frigorifiques et des unités de transformation, afin de renforcer l’efficacité de la commercialisation des produits agricoles.

Il est impératif de reconnaître l’urgence de réduire les pertes et les déchets alimentaires pour un avenir durable. L’agriculture durable dans nos systèmes alimentaires n’est pas seulement un impératif environnemental, mais aussi une opportunité économique, un moyen de réduire l’insécurité alimentaire et une voie vers un monde plus résilient et plus équitable. En travaillant ensemble au niveau local, national et mondial, nous pouvons créer un avenir où la nourriture est appréciée, les ressources préservées et la faim éradiquée. Des efforts soutenus sont nécessaires pour lutter contre les pertes et gaspillages alimentaires.

Lemalien.com

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here